Effondrement – par Carlos Taibo

EFFONDREMENT

Capitalisme terminal, transition éco-socialiste, éco-fascisme

La discussion sur un possible effondrement général du système n’est actuellement pas très présente dans les médias de non-communication. Elle ne l’est pas non plus dans le discours des responsables politiques, même pour celles & ceux qui se font passer pour innovateurs-trices et alternatifs-ves. Par contre, elle se révèle dans la littérature et dans le cinéma, mais elle renvoie avant tout au divertissement et n’a pas pour objectif d’articuler une discussion critique.

Dans Effondrement, le concept qui donne son titre à ce livre est examiné, les causes du phénomène analysées – dont en premier lieu, le changement climatique et l’épuisement des matières premières énergétiques – et les traits pressentis de la société de l’après-effondrement étudiés. Mais l’auteur porte aussi attention à deux réponses différentes face à l’écroulement général du système : celle propre aux mouvements pour la transition éco-sociale et celle de l’éco-fascisme. Les premiers défendent un horizon qui, à travers une combinaison d’éléments précapitalistes et anticapitalistes, se caractérise par des verbes comme décroître, désurbaniser, détechnologiser, dépatriarcaliser, décoloniser et décomplexifier.

Effondrement est un manuel utile pour se repérer dans un débat qui se fait urgent.

Depuis des décennies, voire des siècles, les écosystèmes se dégradent, les ressources s’épuisent, la pression démographique augmente, le climat se déstabilise, les inégalités sociales explosent, le tissus social se déchire, la violence se banalise… Dans une indifférence quasi-générale, l’inertie des processus en cours ne nous offre qu’une marge de manœuvre très étroite pour éviter le choc.

Cette hypothèse de l’effondrement est d’autant plus plausible que le capitalisme, toujours à l’œuvre est fondé sur l’accumulation du capital, sur la propriété privée des moyens de production, sur le mythe de la croissance, sur la stratégie du court terme, sur l’exacerbation de la compétition, sur l’organisation systématique du gaspillage, sur l’hyperconsumérisme, sur la haute technologie et ses addictions, conduit à l’opposé des solutions pertinentes : le principe de précaution, l’autolimitation des besoins individuels et collectifs. Dans un même système, les mêmes causes produisent les mêmes effets.

En tant qu’anarchiste, l’auteur n’accorde évidemment aucune confiance dans les Etats, dans les institutions politiques pour résoudre aussi bien la « crise » écologique que la question sociale. Contrairement à beaucoup de « collapsologues » qui occultent toute analyse en termes de rapports sociaux et d’exploitation entre classe, l’écrivain pointe l’immense responsabilité des classes dirigeantes dans l’impasse civilisationnelle actuelle. En période de crise comme en temps de prospérité, le premier réflexe de l’État est toujours de servir les intérêts des puissantes, d’assurer les infrastructures avec l’argent public, de financer la recherche et la formation en fonction des marchés, etc.

Carlos Taibo, originaire de Galice, a été enseignant de sciences politiques à l’Université Autonome de Madrid pendant trente ans. Il est l’auteur de nombreux ouvrages qui s’intéressent à l’histoire contemporaine de l’Europe centrale & orientale, au processus de mondialisation, à la perspective de la décroissance et, en particulier, à la pensée et aux pratiques libertaires actuelles.

Effondrement – Capitalisme terminal, transition éco-socialiste, éco-fascisme… Carlos Taibo – aux Editions libertaires (https://editions-libertaires.org/produit/effondrement-capitalisme-terminal-transition-eco-sociale-eco-fascisme/) – Septembre 21 – 233 pages – 15 euros.

Les commentaires sont clos.