Communiqué de presse de TET suite à
la fermeture du guichet à la gare SNCF à Thann
Communiqué qui ne paraîtra certainement pas dans son intégralité, voire ne paraîtra pas du tout (explication ci-dessous), dans la presse locale (L’Alsace/DNA)
Depuis plusieurs mois, la Région Grand Est, autorité organisatrice des transports avec la loi de 2018 sur le « nouveau pacte ferroviaire », multiplie les décisions de fermeture ou de réduction des horaires des guichets dans nos gares.
29 gares sont concernées : 13 verront leur guichet fermé ; 16 subiront une réduction drastique des horaires, avec seule alternative, dans certains cas, des sous-traitants ou la vente à distance.
Ces mesures sont prises sans concertation, ni avec les cheminots, ni avec les usagers, dans une logique purement comptable, à l’opposé des besoins de nos territoires.
Le guichet de Thann est concerné et sera fermé dès janvier 2026. TET condamne fermement cette décision.
La marche forcée vers le tout digital est une aberration. En effet, les usagers doivent
A l’heure du réchauffement climatique où tout un chacun sait pertinemment que le transport collectif est l’alternative la plus pertinente à la voiture pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre.!
En 1995, la SNCF scandait « A nous de vous faire préférer le train ». Qu’en est-il 30 ans plus tard ? des tarifs prohibitifs à la base, une jungle de cartes de réductions, un labyrinthe de promotions incompréhensibles, abandonnant sur le quai nombre de citoyens à l’écart… Sans parler de la qualité de service qui est devenue simplement scandaleuse faute de moyens vers les petites lignes au profit du sacro-saint TGV. Bref, peut-on encore parler de service public ? D’autant plus dans la vallée de Thann avec la mise en place du « Drame-train » : le bordel est complet entre Soléa et la SNCF ; chapeaux à celles et ceux qui arrivent à s’en sortir ! Que font nos élus ? La maternité a fermé, maintenant c’est le guichet de la gare, bientôt la Poste…
Les élus régionaux n’ont pas été élus pour casser les liens sociaux, la digitalisation omnipotente réduit l’espace démocratique et favorise un totalitarisme, même involontairement. De plus, cette politique est encore à courte vue lorsque ses choix se font au détriment de l’emploi ; plus de guichet, c’est moins de salariés.
Nous devons alerter sur le fait qu’au nom du « c’est PRATIQUE », nous alimentons un processus qui parachève la dislocation des collectifs de travail et la dégradation des services publics, tout en amplifiant l’atomisation des salariés comme des citoyens.
St Amarin le 25 mai 25.
Suite à notre demande de faire publier par l’agence de Thann de L’Alsace/DNA le petit communique de presse (ci-dessus), une première réponse nous annonçait que l’agence est fermée jusqu’au 2 juin ; le groupe Ebra (Crédit-Mutuel) propriétaire d’une dizaine de quotidiens régionaux aurait-il des soucis de trésorerie ? Puis un second message de la rédaction annonce :
Bonjour et merci pour votre message,
Nous ne pourrons reproduire votre communiqué dans son intégralité dans nos pages, d’autant plus que le sujet a été traité et que les points que vous soulevés étaient évoquées par les usagers interrogés.
Nous aurons certainement la possibilité de revenir ultérieurement sur le sujet et conservons votre message.
Merci de votre compréhension
La rédaction
Ouste, circulez, y a rien à redire ! Sauf que TET, est une association écologique & représentante des usagers des transports, la seule dans la vallée de la Thur, archi reconnue et accessoirement agréé par l’Etat. Ce Com de presse contient moins de 2 500 caractères, il exprime juste un légitime droit de réponse au regard des discours officiels de la Sncf et de la Région Grand-Est qui se considèrent toutes deux omnipotentes. Ce qui est un scandale en démocratie ; à supposer qu’au sein des instances de ces deux organismes ce mot « démocratie » ne veut rien dire si ce n’est une banale option.
Ce n’est pas parce que le canard boiteux régional a fait ses propres interviews qu’une structure représentante des usagers des transports n’est plus le droit à la parole publique ! Rappelons qu’à cet effet, le Corest (Comité Régional des Services de Transport – Région Grand-Est/Sncf) invite Thur Ecologie & Transport lors de sa rencontre annuelle avec les associations des usagers des transports.
Ci-dessous, un (autre)communique de presse de notre cru, qui ne serait à coup sûr jamais passé :
Fermeture de guichets SNCF et digitalisation
Les statistiques auxquelles nous nous prêtons régulièrement, montrent une fois de plus qu’elles sont tout autant prescriptives que descriptives. Très concrètement, ici elles permettent à la région de légitimer une décision. On est face à un principe auto-réalisateur : « puisqu’il y a de moins en moins de clients aux guichets, il faut donc réduire leur nombre ».
Et les chiffres parlent, on ne peut les contester !
Comment, et pourquoi en est-on arrivé là ? Il y a sans doute plusieurs éléments à prendre en considération pour tenter d’esquiver une réponse à cette épineuse question.
Tout d’abord, au-delà de la question purement comptable, il y a un choix sociétal, qui du reste, dépasse largement le cadre de la SNCF. Il s’agit pour les élites technocratiques de faire basculer toute la société française dans le monde du « Tout-Numérique ». Un choix très clairement exprimé dès 2016 par un certain Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie. Son plan « Action 2022 » qui prévoit la digitalisation de l’ensemble des services publics, en est une déclinaison, on ne peut plus concrète.
Au cours de la décennie 2010, avec l’explosion des usages de l’ordiphone, la population française commence à être mûre pour entrer dans l’ère du « Tout-Digital ».
La crise du covid-19 constituera une opportunité inouïe pour accélérer et parachever cette conversion du pays au digital. La SNCF sera d’ailleurs parmi les entreprises à qui cet évènement profitera le plus en matière de digitalisation de services.
« Pour Votre Sécurité, privilégiez-le SANS CONTACT ! ». Slogan phare de la SNCF pendant cette période covid. C’est la fameuse stratégie du choc (numérique) qui permettra à partir d’une situation exceptionnelle, d’installer de manière pérenne, un certain nombre de pratiques. Les « succès » de l’achat en ligne, tout comme celui du télétravail, ou bien encore de la visio-conférence, illustrent on ne peut plus clairement cette évolution des pratiques.
Ensuite, pour éliminer les dernières résistances possibles face à ce choix sociétal, on fait appel à l’EGOISME du consommateur. D’une part, on lui offre tout un ensemble de privilèges s’il opte pour les démarches en ligne.
Ainsi par exemples, la SNCF offre des prix moins chers pour ceux qui achètent en ligne. Les impôts accordent des délais plus longs pour ceux qui font leur déclaration en ligne…
D’autre part, des ingénieurs et des scientifiques, travaillant de mèche avec des managers, vont œuvrer à concevoir et développer des dispositifs numériques, sans cesse plus performants… et donc plus PRATIQUES.
Et puisque, le consommateur est de plus en plus incité à toujours évaluer ces choix à l’aune du seul critère de la praticité, on comprend alors aisément pourquoi on en arrive aujourd’hui à une écrasante majorité de gens optant pour les billets en ligne.
Les progressistes estiment que la digitalisation n’est en soi ni bonne ni mauvaise, et qu’il suffirait d’encadrer son déploiement. Ils oublient que le déploiement (encadré ou non) d’une innovation va toujours dans le sens d’un renforcement du pouvoir de ceux qui la conçoivent.
Il faudrait donc en appeler aux élus régionaux, comme le font à juste titre les courageux syndicats. Mais au-delà, il s’agirait aussi d’en appeler d’un côté à la responsabilité des usagers-clients dont le mode de vie connecté contribue énormément au succès de la digitalisation. Et d’un autre côté, à la responsabilité des ingénieurs et des managers qui conçoivent ces dispositifs déshumanisants.
Enfin, il y aurait un lien à faire entre la digitalisation à la SNCF et le projet d’identité numérique porté par les managers de l’entreprise La Poste (création d’un identifiant et d’un mot de passe uniques… PLUS PRATIQUE !).
Nous devons alerter sur le fait qu’au nom du c’est PRATIQUE, nous alimentons un processus qui parachève la dislocation des collectifs de travail et la dégradation des services publics, tout en amplifiant l’atomisation des salariés comme des citoyens.
St Amarin le 25 mai 2029