Sur la RN66

La RN 66 est certes encombrée d’une circulation intense, mais constituée pour l’essentiel d’un trafic local en rapport avec une population importante. En réalité, le projet incriminé vise rien moins que de faciliter un transit grandissant de poids-lourds relatif à un axe Milan Rotterdam » passant par les Vosges, et évitant les contournements et autoroutes.

La contestation, partant des habitants de Bitschwiller-lès-Thann et de Leimbach directement visés par le tracé, se répand et l’association prend de l’ampleur. Sachant qu’une nouvelle voie de circulation aurait surtout un effet d’aspiration de tout ce qui roule, néfaste à la vallée et ses habitants, TET milite pour les transports publics (train en particulier), une limitation drastique du transit des poids lourds, et des moyens « doux » comme une piste cyclable efficiente.

Tous les moyens légaux sont mis en œuvre (par voie de tracts, conférences, articles de journaux, manifestations, blocages de routes…) et enfin par un recours au tribunal administratif, pour faire annuler une Déclaration d’Utilité Publique (DUP), présentée comme limitée à Bitschwiller – Willer, mais dont la réalisation finale envisage à un moment donné une déviation allant d’Urbès à la RN 83 entre Cernay et Aspach-le-Haut : le saucissonnage devait permettre de mieux faire passer la pilule…

• Le 31 mars 1995, nous faisons avec l’aide de nos amis vosgiens, le premier comptage de camions dans le Col de Bussang, et ceci pendant 24 h.

• Le 4 avril 1995, nous organisons la 1ère manifestation dans le Massif vosgien, au col de Bussang contre le trafic international de transit dans la vallée de la Thur et de la Moselle.

• En octobre 1996 un « Forum des Associations » à Bitschwiller-lès-Thann nous offre l’aubaine d’un stand bien en vue, ce qui nous permet de faire connaître notre association et de populariser les positions qu’elle défend.

• En août 1998, nous introduisons un recours au Tribunal Administratif de Strasbourg contre la DUP de la déviation de Willer-Bitschwiller.

• En septembre 1998, une de nos actions les plus osées, est sans doute le blocage à la croisière de Cernay de la circulation montant la vallée un vendredi à 18h. Nous devons à la bienveillance des forces de l’ordre présentes en nombre, de nous avoir certainement épargné bien des déboires.

Le 1er juillet 1999, le Tribunal Administratif de Strasbourg nous donne raison et casse la DUP. Une immense victoire pour notre association mais où, curieusement, l’ensemble des partisans de cette route « oublie » de recourir en justice et néglige de faire appel de cette décision. En fait, comme l’avait écrit Pierre FLUCKIGER journaliste à L’Alsace, TET a rendu un fier service aux élus en leur retirant une épine du pied (essentiellement d’ordre financier). Et le Préfet de Région de l’époque confirme que le projet avait été mal étudié et ne rendrait pas les services attendus : « Les responsabilités sont très partagées, les services de l’Etat ont leur part, mais les collectivités aussi. Il est indispensable de ne pas afficher des projets qu’on n’est pas capable de réaliser. Comme il y en a beaucoup, il faut mieux les préparer et augmenter la part des crédits d’étude pour que l’on ne se retrouve pas avec des dossiers non étudiés, comme la RN 66… »

• Le 12 juillet 1999, TET dépose, ainsi qu’un de nos adhérents riverains de la RN 66, au TA de Strasbourg un recours contre le maire d’Urbès à qui nous avions demandé de réglementer la circulation des PL sur sa portion de Nationale.

• Le 19 janvier 2001, le TA donne raison à notre adhérent, mais tort à TET qui doit payer 5000 F de dommages et intérêts à la commune d’Urbès. Tout le monde fait appel de ces décisions.

• Le 22 novembre 2001, la Cour administrative d’Appel de Nancy annule l’amende que TET devait verser à la commune d’Urbès.

• Enfin, le 19 juin 2006, cette même instance confirme qu’un maire peut réglementer la circulation des PL dans sa commune et condamne la commune d’Urbès à verser 1500 € de dommages et intérêts à notre adhérent. Encore une très grande victoire.

• Entre temps et après à la catastrophe au Tunnel du Mont-Blanc en mars 1999, et suite à la fermeture du tunnel de Saint-Marie-aux-Mines pour des travaux de mises aux normes de sécurité, la circulation des PL est réglementée dans l’ensemble du Massif Vosgien. Il était temps, car le transit dépassait les 2000 camions-jour, dont une part importante de transports de produits chimiques.

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